Le Plan Madagascar

3 juin 1940, n° 74-76 Wilhemstraße, Ministère des Affaires étrangères du Reich, Berlin :

Franz Rademacher, diplomate nazi et chef des affaires juives au Ministère des Affaires étrangères du Reich, remet à son supérieur un rapport étonnant. Rademacher y détaille comment déporter quatre millions de Juifs d’Europe de l’Ouest hors du Lebensraum (espace vital). Rademacher compter saisir une colonie à la France, qui est alors au bord de l’effondrement, pour y parquer les Juifs. L’île de Madagascar est très vite mise en avant comme l’endroit idéal, et donne son nom au plan de Rademacher : le Plan Madagascar.

Le Plan Madagascar n’est pas juste l’idée folle d’un homme. Même si elle n’a jamais été réalisé, l’idée de Rademacher à fait le tour de plusieurs organisations du Reich. D’abord le premier rapport de Rademacher est parvenu jusqu’à Joachim von Ribbentrop, le ministre des Affaires étrangères, qui en parlera lui-même à Hitler. La marine est aussi impliquée, puisque le rapport préconise d’utiliser 120 navires pendant quatre ans pour déporter les Juifs d’Europe de l’Ouest (pour ceux d’Europe de l’Est, Rademacher préfère avoir recours aux ghettos). Aussi, pour financer cette flotte Rademacher compte spolier tout les biens des Juifs déportés et placer les profits dans une banque prévue à cet effet. Enfin, sur décision de Ribbentrop le plan sera préparé en collaboration avec le Reichssicherheitshauptamt (Bureau principal de sécurité du Reich), qui s’occupera plus tard de l’extermination des Juifs ou de la traque des résistants. Car les nazis ont bien pour projet de faire de Madagascar une île prison sous le contrôle d’un Gouverneur de Police allemand, où les officiers nazis auront tous les pouvoirs dans le but d’éviter toute contestation, révolte ou désir d’indépendance. Car il ne faut pas perdre de vue que le Plan Madagascar fait partie de la recherche de la Solution Finale : les juifs sont considérés comme des êtres inférieurs et dangereux pour la race aryenne. La logique nazie veut donc qu’on se débarrasse d’eux par tous les moyens : stigmatisation pour pousser à l’exil, déportation et enfin extermination.

Le Plan Madagascar n’a bien sûr jamais été mis en place. Tout d’abord car Hitler n’a pas montré beaucoup d’intérêt pour celui-ci et envisage plutôt de déporter les Juifs vers la Sibérie dès qu’il aura vaincu son voisin soviétique. Pourtant il parle du Plan Madagascar à Benito Mussolini et à quelques personnalités du régime nazi.

Ensuite, lorsque Rademacher à écrit son rapport il pensait comme beaucoup d’autres qu’une fois la France vaincue, la Grande-Bretagne négocierait une paix avec le régime nazi. Hors cela n’a pas été le cas et la Royal Navy a gardé le contrôle des mers, rendant la déportation des Juifs impossible.

Voici ci-dessous un extrait du rapport de Rademacher :

Partie D III :

La Partie D III propose comme solution à la question juive : Dans le traité de paix, la France doit rendre l’île de Madagascar accessible pour la solution à la question juive, et réinstaller et indemniser les quelques 25 000 citoyens français qui y vivent. L’île sera transférée à l’Allemagne sous mandat. La baie de Diégo Suarez et le port d’Antsirane, qui sont stratégiquement importants, deviendront des bases navales allemandes (si la Marine le souhaite, ces bases navales pourraient être étendues aux ports et aux rades de Tamatave, Andevorante, Manajara, etc.). En plus de ces bases navales, des espaces appropriés de la région seront exclus du territoire Juif (Judenterritorium) pour la construction de bases aériennes. La partie de l’île non requise pour des objectifs militaires sera placée sous le contrôle administratif d’un Gouverneur de Police allemand, qui sera sous l’administration du Reichsfuehrer SS. A part cela, les Juifs auront leur propre administration dans ce territoire : leurs propres maires, police , services postaux, administration des chemins de fer, etc. Les Juifs seront conjointement responsables de la valeur de l’île. A cet effet, leurs anciens actifs financiers européens seront transférés vers des banques Européennes qui seront établies pour atteindre ces objectifs. Dans la mesure où les capitaux ne s’avéreraient pas suffisants pour payer les terres qu’ils recevront et pour acheter les produits de première nécessité en Europe pour le  développement de l’île, les Juifs pourront souscrire des crédits bancaires auprès de la même banque.

Comme Madagascar sera seulement un Mandat, les Juifs y habitant n’obtiendront pas la citoyenneté allemande. D’un autre côté les Juifs déportés à Madagascar perdront leur citoyenneté des pays européens à compter de la date de leur déportation. A la place, ils deviendront des résidents du Mandat de Madagascar.

Cet arrangement permettrait d’éviter la possible installation en Palestine par les Juifs de leur propre Etat du Vatican, et l’opportunité pour eux d’exploiter dans leur propre intérêt l’importance symbolique de Jérusalem pour les Chrétiens et les Musulmans. De plus les Juifs resteront entre les mains des allemands comme gage du bon comportement futur des membres de leur race en Amérique.

Une utilisation peut être faite à des fins de propagande sur la générosité de l’Allemagne en permettant une auto-administration des Juifs dans les domaines culturels, économiques, administratifs et juridiques. Il pourrait être souligné, par la même occasion, que notre sens des responsabilité allemand envers le monde nous interdit de faire don d’un Etat souverain à une race qui n’a pas eu d’Etat indépendant depuis des milliers d’années : cela doit être soumis à l’épreuve de l’Histoire.

Signé Rademacher

Berlin, 3 Juillet, 1940

 

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